Emeline Lafaury, Guillaume Lanfranchi et Brigitte Legat (élèves ingénieurs en chef / Promotion Rachel Carson / IngéChef partenaire)
Les collectivités territoriales ont un rôle essentiel à jouer dans le respect des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre. L’Association Bilan Carbone considère que 70 % des actions de réduction des émissions de GES seront réalisées à une échelle locale. Mais qu’est-ce qui les retient de s’engager pleinement dans cette course contre la montre ?
D’une part, les priorités immédiates l’emportent sur cette destination lointaine (neutralité carbone en 2050), qui demande de l’engagement, de la détermination, voire de l’entêtement. D’autre part, les collectivités ne disposent pas des instruments pour construire, planifier et suivre ces actions de longue haleine. Pour les développer, des initiatives commencent à apparaître.
Ainsi, après l’État en 2019, cinq grandes collectivités françaises se sont lancées dans un « budget vert », outil permettant de mettre en évidence par des couleurs l’impact climatique de chaque ligne budgétaire, neutre, favorable ou défavorable.
S’ils constituent indéniablement un exercice de transparence de l’action publique, ils ne permettent pas de s’assurer du suivi d’une trajectoire vers une neutralité carbone.
D’autres expérimentations sont aujourd’hui en cours en Europe, à Oslo ou Manchester, autour de « budgets carbone ». Cette approche repose à la fois sur une mesure, dans le temps, des émissions et des captations de CO2 du territoire et sur un suivi de l’efficacité des actions menées, mais elle ne représente pas un outil décisionnel simple.
n France, Grenoble, La Rochelle ou Lorient s’engagent dans cette voie en s’appuyant sur des démarches ou des labels telles que Cit’ergie ou les appels à projet Territoires d’Innovation.
Ces modèles n’en sont qu’à leur début, mais ils ont l’intérêt de façonner des outils indispensables
Ces méthodes sont complémentaires. Elles ne remplissent pas les mêmes objectifs, mais concourent à s’interroger sur les habitudes, les pratiques et à s’organiser pour évoluer vers une réelle mise en cohérence des actions et des engagements pour le climat. Elles permettent d’identifier les investissements favorables, de valoriser la sobriété et d’éviter les mauvaises dépenses.
Les collectivités tâtonnent. Ces modèles n’en sont qu’à leur début, mais ils ont l’intérêt de façonner des outils indispensables. Les « budgets climat » pourraient rapidement devenir des boussoles pour les élus et les administrations permettant de définir et de maintenir le cap.
Par ailleurs, les villes et les métropoles ne contribuant qu’à 10% en moyenne des émissions du territoire par leurs activités propres devront, en plus d’une indispensable exemplarité, renforcer la gouvernance territoriale et leur rôle d’animateur pour amener l’ensemble des acteurs locaux et des citoyens vers une société décarbonée.
Pour réussir leur mutation écologique, les collectivités doivent avant tout bénéficier d’une impulsion politique, d’un portage de l’administration ainsi que d’un changement profond dans la manière de prioriser les projets et les actions. Une expertise « climatique » est également à développer, impliquant recrutements, formation, fiches de postes adaptées…
On ne se demande pas si l’on doit créer une direction et allouer des moyens pour gérer les finances ou les ressources humaines. On ne doit pas, non plus, se poser de question concernant l’engagement sur le climat.
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